Enfances médiévales. Les défis d’un pluriel

Lors de la journée de l’histoire portant sur les enfants et l’enfance en Anjou à travers les âges portée par l’association les 4A- EHA, la communication de Carole Avignon a présenté la diversité des enfances que des adultes du Moyen Âge ont pu concevoir, que des enfants du Moyen Âge ont pu avoir vécues, mais aussi la pluralité des enfances que les historiens médiévistes ont pu tenter de révéler dans les travaux publiés depuis les années 1990. Ont été notamment présentés les contours spécifiques à ce qui aurait pu être les traces médiévales d’une proto-protection de l’enfance. On voit finalement se dessiner des dispositifs juridiques qui servent des intérêts d’ordres différents dont des enfants peuvent bénéficier tant que la cohérence d’un schéma sacramentel d’ensemble n’en pâtit pas, et a fortiori le plan divin de Salut. Des variables dans la détermination d’un statut, d’une identité juridique, induisent bien des enfances aux potentiels distincts. En outre, quand on s’intéresse à ce qui fait le périmètre d’une famille, il est nécessaire d’envisager sa plasticité au regard de hiérarchies entre les individus, selon leur plus ou moins grande capacité à être dépositaires (et médiateurs à leur tour, le cas échéant) d’un patrimoine matériel et immatériel, selon le genre de naissance, le rang dans la fratrie, et selon l’état conjugal des géniteurs des fils ou filles, « enfants » comme « adultes », (légitimes ou illégitimes), mais aussi selon qu’on est né d’un premier ou d’un second lit. On a rappelé que le Moyen Âge n’existe pas : l’historienne et l’historien paramètrent des recherches, définissent des « terrains » (normatifs, discursifs, matériels) qui sont tous situés, inscrits dans un temps, un territoire, une conjoncture, des rapports sociaux, des cadres juridiques spécifiques. Il n’existe pas davantage une enfance médiévale homogène et unifiée dans une définition universelle de sa minorité, de sa vulnérabilité, pas davantage que dans une attention partagée de sa nécessaire protection par principe.

Carole Avignon

Maîtresse de conférences en histoire du Moyen Âge, Université d’Angers. TEMOS, UMR 9016.